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Douleur causée par la mise bas chez la truie

Eva Mainau, Déborah Temple, Pol Llonch, Xavier Manteca

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La mise bas est un processus douloureux qui présente un risque à la fois pour la truie et pour les porcelets nouveau-nés. Une mise bas difficile (dystocie) est associée à une douleur intense résultant d’une mise bas prolongée ou d’une mise bas assistée. La douleur causée par la mise bas devrait faire l’objet d’une plus grande attention. L’optimisation du processus de mise bas réduira ses conséquences négatives sur le bien-être et la productivité des truies.

La mise bas : un processus douloureux et stressant

Il est généralement admis que la mise bas provoque de fortes douleurs chez toutes les espèces, y compris les truies. Selon une enquête menée auprès d’éleveurs de porcs et de vétérinaires au Royaume-Uni, lorsqu’on leur demande d’évaluer (sur une échelle de 0 à 10) la douleur liée à diverses conditions, la mise bas obtient une note de 4, qui passe à 7 lorsque la mise bas nécessite une assistance manuelle. Seules une jambe cassée et une mammite infectieuse ont été jugées plus douloureuses que la mise bas.

Plusieurs facteurs tels que la difficulté de la mise bas et la parité de la truie peuvent modifier le degré de douleur causé par la mise bas. Une dilatation insuffisante du canal ou une fréquence et une intensité faibles des contractions utérines sont les principales causes d’inconfort et de douleur lors de la mise bas.

En général, la dystocie est plus fréquente chez les cochettes que chez les truies multipares. Outre le manque d’expérience des truies lors de la première mise bas, les cochettes ont généralement des durées de mise bas plus longues et la tension est généralement plus importante que chez les truies multipares.

Évaluation de la douleur de la mise bas

La mise bas entraîne des changements dans différents indicateurs de douleur, la mise bas dystocique ayant un effet plus important que la mise bas normale.

Les protéines de phase aiguë telles que la protéine C-réactive (CRP) et l’haptoglobine (Hp) sont des marqueurs physiologiques de l’inflammation chez les porcs. Des niveaux élevés de CRP et d’Hp ont été décrits chez les truies jusqu’à une semaine après la mise bas. Cela peut être lié au processus inflammatoire de l’appareil reproducteur. En outre, les cochettes présentent des valeurs Hp plus élevées que les truies multipares.

La mise bas provoque un stress physiologique. L’augmentation du taux de cortisol sérique dans la période qui suit la mise bas chez les truies serait la conséquence de deux facteurs : premièrement, la douleur s’accompagne toujours d’une réaction de stress et, deuxièmement, toute situation nouvelle ou inhabituelle peut déclencher une réaction de stress.

Les changements de comportement sont couramment utilisées pour mesurer la douleur autour de la mise bas, étant des mesures sensibles et non invasives.

Tableau. Indicateurs de douleur à la mise bas chez les truies.

Indicateurs comportementaux

Indicateurs physiologiques et productifs

Augmentation Augmentation
Temps passé debout et assise Fréquence cardiaque et respiratoire
Changement de position Température rectale
Mouvements vers l’avant des pattes arrière Concentration de protéines de phase aiguë
Cambrure du dos Durée du travail
Coups de pied Nombre de mort-nés et/ou de momifiés
Tremblements
Mouvements de la queue
Diminution Diminution
Temps en décubitus latéral Consommation d’aliments
Viabilité des porcelets

« Une mise bas normale chez des truies non hyperproliphiques dure en moyenne 2,5 heures. Les naissances qui durent plus de 3 ou 4 heures sont considérées comme dystociques et plus douloureuses »

En général, les truies restent en décubitus latéral pendant toute la durée de la mise bas. Le fait de rester dans la même position pendant la naissance de toute la portée est une caractéristique importante de la mise bas. La truie étant couchée tranquillement, les porcelets peuvent accéder à la mamelle le plus rapidement possible. La douleur causée par la mise bas augmente le temps que la truie passe en position debout ou assise. La truie change plus fréquemment de postition, surtout la veille et le jour de la mise bas. Puis, au fur et à mesure que la lactation progresse, la truie passe de plus en plus de temps debout ce qui indique qu’elle se remet de la mise bas.

Les truies qui sont plus actives en début de lactation semblent faire plus attention à leurs porcelets et boivent plus d’eau, ce qui se traduit par une plus grande quantité de lait et une croissance accrue des porcelets.

Des indicateurs comportementaux spécifiques de la douleur durant la mise bas chez les truies ont récemment été décrits. Ces comportements sont absents ou très rares avant la mise bas et apparaissent durant la mise bas. Parmi ces indicateurs, on remarque: les mouvements vers l’avant des pattes arrière, la cambrure du dos, les coups de pied, les tremblements et secousses de la queue. La cambrure du dos semble être liée aux contractions utérines, tandis que les secousses de la queue est fortement associée à l’expulsion imminente des porcelets. Les tremblements pourraient indiquer les effets accumulés de l’inflammation, de la douleur et de la fatigue au fur et à mesure que la mise bas progresse.

Le comportement des porcelets nouveau-nés reflète aussi la difficulté de la mise bas chez la truie. Souvent, un nombre élevé de porcelets nés avec une faible viabilité est associé à une mise bas difficile.

Conséquences de la douleur autor de la mise bas

Les lésions et l’inflammation associées à la mise bas (en particulier en cas de dystocie) peuvent avoir des effets négatifs sur le bien-être et la productivité. Par exemple, les douleurs durant la mise bas peuvent réduire la consommation d’aliments et, par conséquent, augmenter la perte de poids et réduire la production de lait chez les truies. La dystocie augmente le risque de plusieurs affections, notamment l’endométrite, l’écoulement vulvaire, la rétention placentaire, le syndrome mastite-métrite-agalactie, l’altération de la fertilité et l’abattage précoce.

La douleur et le stress causés par la mise bas inhibent la libération d’ocytocine, ce qui peut entraîner une prolongation de la mise bas, une réduction de l’éjection du colostrum et du lait, ainsi qu’une modification du comportement maternel. Ces perturbations peuvent entraîner une réduction de la croissance des porcelets et une augmentation de la mortalité avant le sevrage.

Principales conséquences de la douleur et du stress durant la mise bas chez les truies

Prévention – Réduire les difficultés de mise bas

Il est essentiel d’évaluer le bien-être des truies en maternité (par exemple, l’intervalle entre porcelets, la durée demise bas, les intervention, la viabilité des porcelets, la montée de lait, et les complications telles que la rétention placentaire, l’écoulement vulvaire et la dysgalactie). La prévention de problèmes devrait inclure une alimentation et une nutrition optimales des truies (surtout avant la mise bas), une évaluation minutieuse de l’état corporel pour éviter les truies en surpoids et des procédures de gestion une fois que les truies sont préparées pour la mise bas. Une évaluation minutieuse des boiteries éventuelles et leur traitement rapide peuvent contribuer à réduire les problèmes de mise bas.

Traitement des douleurs liées à la mise bas

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont inscrits pour le traitement de la douleur et inflammations chez les porcs. Douleurs qui peuvent survenir lors de la mise bas. Aujourd’hui, les AINS sont utilisés chez le truies souffrant de mammite-métrite-agalactie (MMA ou PPDS) et les truies léthargie et qui ne mangent pas après la mise bas. Selon les éleveurs et les vétérinaires, les analgèsiques peuvent aider les truies à se rétablir après la mise bas.

Des recherches récentes suggèrent que l’administration d’AINS au moment de la mise bas est bénéfique pour le bien-être et la productivité des truies. Il semblerait que les truies traitées avec du méloxicam se remettent debout plus rapidement après la mise bas ce qui peut aussi réduire l’apparition de blessures.

Les AINS ont également des effets bénéfiques sur le bien-être et les performances des porcelets. Dans une étude à grande échelle menée dans des élevages, la mortalité des porcelets avant le sevrage est inférieure chez les truies recevant des AINS. Des études récentes ont montré que le poids au sevrage des porcelets nés de truies traitées avec des AINS était supérieur de 200 à 400 g à celui du groupe témoin. En outre, il a été démontré que l’administration orale de méloxicam chez des truies multipares augmentait la concentration d’immunoglobuline G chez les porcelets et améliorait leur croissance avant le sevrage. Comme les porcelets naissent avec un système immunitaire immature, l’acquisition d’immunoglobulines à partir du colostrum est d’une importance fondamentale.

Résumé de l’étude

La douleur la réponse de stress associés à la mise bas chez la truie perturbent déroulement normal de la mise bas et déclenchent des comportements maternels anormaux, avec des conséquences négatives sur la croissance et la survie des porcelets. Les AINS administrés autour de la mise bas sont utiles pour atténuer la douleur chez les truies et réduire les conséquences négatives sur leur bien-être et leur productivité.

Références bibliographiques

  • Ison SH et Rutherford KMD 2014. Attitudes des éleveurs et des vétérinaires vis-à-vis de la douleur et de l’utilisation de l’analgésie chez les porcs. The Veterinary Journal 202 : 622-627.
  • Mainau E, Temple D, Manteca X 2016. Étude expérimentale sur l’effet de l’administration orale de méloxicam chez les truies sur la mortalité et la croissance avant le sevrage et le transfert d’immunoglobuline G aux porcelets. Preventive Veterinary Medicine 126 : 48-53.
  • Mainau E, Manteca X 2011. Pain and discomfort caused by parturition in cows and sows (Douleur et inconfort causés par la mise bas chez les vaches et les truies). Applied Animal Behaviour Science 135 : 241-251.

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