Eva Mainau, Pol Llonch, Déborah Temple, Xavier Manteca
La métrite est une inflammation de l’utérus qui touche à la fois la cavité utérine et la paroi utérine. Elle se manifeste généralement dans les 21 jours suivant le vêlage, avec une incidence plus élevée dans les 10 premiers jours suivant le vêlage. La maladie est identifiée par un gonflement inhabituel de l’utérus et un écoulement épais, blanc, purulent ou nauséabond, qui peut devenir aqueux et brun-rouge dans les cas les plus graves.
La métrite entraîne des pertes productives et économiques
L’incidence de la métrite chez les vaches laitières se situe entre 15 et 20 %, bien qu’elle puisse affecter jusqu’à 40 % de vaches, en fonction de l’élevage et du stade de lactation.
La métrite a été associée à une baisse de la production laitière, à de mauvais résultats reproductifs (tels qu’un retard d’insémination et une baisse des taux de conception) et à un risque accru de réformes involontaires au cours de la lactation.
Le coût total moyen par cas de métrite est estimé entre 106 et 490 euros, en fonction du prix du lait, des frais de traitement, des coûts des réformes et des frais d’alimentation.
Classification des métrites
Après le vêlage, les vaches laitières présentent un certain degré de contamination bactérienne à l’intérieur de l’utérus, mais cela n’est pas nécessairement associé à une métrite clinique. L’apparition d’une métrite dépend de la réponse immunitaire de la vache, ainsi que du nombre et de l’espèce des bactéries présentes.
La métrite peut être associée ou non à l’apparition de signes cliniques généraux, ce qui détermine la gravité de la maladie (du 1er degré au 3ème degré) : voir pdf
La douleur viscérale et la douleur somatique :
- Douleur viscérale : elle provient de l’activation des nocicepteurs (récepteurs de la douleur) des organes internes thoraciques, pelviens ou abdominaux. La douleur viscérale est diffuse, difficile à localiser et se réfère souvent à une structure éloignée, généralement superficielle.
- Douleur somatique : elle provient de l’activation des nocicepteurs de la peau ou d’autres tissus superficiels, elle est vive, bien définie et clairement localisée.
La métrite est une maladie douloureuse
Selon plusieurs enquêtes menées auprès d’éleveurs et de vétérinaires, la métrite aiguë chez les vaches laitières a reçu une note de douleur comprise entre 4 et 6 points sur une grille allant de 0 à 10. Les vaches atteintes de métrite présentent souvent à la fois des signes cliniques de la maladie et de la douleur, ce qui entraîne des changements physiologiques et comportementaux qui varient en fonction de la gravité de la maladie.
Les vaches atteintes de métrite présentent plusieurs changements comportementaux associés à la maladie, tels qu’une réduction de la consommation d’aliments et du temps de rumination, une diminution de l’activité et une augmentation du temps de couchage.
L’altération des schémas d’activité due à la métrite est plus prononcée chez les primipares que chez les multipares. Après le vêlage, les génisses présentent une réponse inflammatoire exacerbée (augmentation des protéines de phase aiguë telles que l’haptoglobine) par rapport aux multipares. Cela suggère que le système immunitaire des génisses est plus réactif aux stimuli inflammatoires et peut conduire à une augmentation des cytokines circulantes. L’augmentation du temps de couchage observée chez les vaches présentant une métrite clinique pourrait être associée à l’action des cytokines.
Les vaches atteintes de métrite utilisent moins les brosses que les vaches saines. Le brossage est un exemple d’activité peu prioritaire, ce qui signifie qu’il s’agit d’un comportement qui diminue généralement lorsque les ressources énergétiques sont limitées ou lorsque le coût de l’activité augmente.
Les vaches atteintes de métrite ont tendance à passer plus de temps en position couchée et elles essayent de s’allonger plus souvent, probablement en raison de la douleur qu’elles ressentent en essayant de s’allonger. De plus, les vaches présentant une métrite clinique présentent des signes de douleur plus spécifiques, tels qu’un dos courbé lors de la palpation rectale, ce qui indique un lien entre la métrite clinique et la douleur viscérale. La douleur viscérale due à la métrite peut provoquer des douleurs somatiques et une hyperalgésie (sensibilité accrue à la douleur), augmentant la sensibilité des zones cutanées en contact avec la litière lorsque la vache se couche.
Indicateurs de comportements chez les vaches atteintes de métrite > voir PDF
En ce qui concerne les marqueurs physiologiques, les concentrations de biomarqueurs liés à l’inflammation, au stress et à la douleur (tels que la substance P ou l’haptoglobine) sont élevées chez les vaches atteintes de métrite. Après le vêlage, les vaches atteintes de métrite présentent des taux d’haptoglobine 20 % plus élevés que ceux des vaches en bonne santé.
Pendant la période de transition autour du vêlage, les vaches souffrent souvent d’un déficit énergétique, en particulier les vaches à haut rendement. Ce déficit survient lorsqu’il y a un retard dans l’augmentation de la consommation alimentaire par rapport aux besoins énergétiques accrus résultant de la gestation, du vêlage et de la production de lait. Le lien entre le bilan énergétique négatif et la métrite est évident : une réduction d’un kilogramme de la consommation de matière sèche au cours de la semaine précédant le vêlage augmente presque trois fois le risque de développer une métrite chez les vaches. Un bilan énergétique négatif a un impact négatif sur le fonctionnement du système immunitaire des vaches, les rendant plus vulnérables aux infections utérines comme la métrite.
« Les vaches atteintes de métrite présentent souvent des signes cliniques et de la douleur, ce qui induit des changements physiologiques et comportementaux
Recommandations en matière de prévention
Le principal facteur de risque de développement de la métrite est une lésion des voies génitales, souvent accompagnée d’une contamination bactérienne. Il est essentiel que l’environnement de vêlage soit propre, confortable, paisible et spacieux. Lorsqu’une assistance est requise pendant le vêlage, il est essentiel que les éleveurs et les vétérinaires veillent au maintien des conditions d’hygiène.
Pour améliorer l’efficacité de l’apport alimentaire de la vache avant le vêlage et garantir le bon fonctionnement du système immunitaire, il est essentiel de réduire les sources potentielles de stress et de veiller à ce que l’alimentation de la vache soit appropriée. La gestion et le logement des vaches taries devraient viser à minimiser le stress social en évitant les transports et les changements fréquents de groupe, tout en garantissant un espace suffisant à l’auge (85 cm par vache) et dans l’aire de repos (80 % de la capacité de la vache). Une ventilation adéquate et un accès à l’ombre sont essentiels pour réduire l’impact du stress thermique.
Prise en charge de la douleur
La métrite chez les vaches laitières est souvent traitée par des perfusions intra-utérines ou des antibiotiques systémiques. Plusieurs études montrent que l’administration d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) après le diagnostic de la métrite, en tant que traitement de soutien aux antibiotiques, améliore les performances reproductives, car le taux de gestation augmente et les intervalles entre le vêlage et les premières chaleurs sont plus courts. Les effets des AINS sur la production laitière, l’involution utérine ou la guérison d’une infection utérine ne sont pas cohérents, certaines études constatant des améliorations en faveur du traitement analgésique, d’autres non. Cependant, un essai clinique a suggéré que le traitement de la métrite exclusivement avec des AINS pouvait réduire l’utilisation d’antibiotiques, avec une évolution clinique très similaire à celle d’un traitement antibiotique.
L’administration d’AINS aux vaches atteintes de métrite réduit légèrement l’inflammation ainsi que les comportements associés à la douleur, tels que la courbure du dos. Les vaches multipares qui reçoivent AINS + antibiotiques restent moins de temps couchées les cinq jours suivant le traitement.
Résumé
La métrite est une maladie qui a des conséquences financières et affecte le bien-être des vaches. Les vaches atteintes de métrite présentent souvent des signes cliniques et de la douleur, ce qui induit des changements physiologiques et comportementaux. Il est conseillé d’administrer des AINS en association avec des antibiotiques aux vaches atteintes de métrite, car cela aide à soulager la douleur et favorise un rétablissement plus rapide et la reprise des index reproductifs.
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