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Douleur de la glande mammaire et inconfort des vaches taries (ii)

Eva Mainau, Déborah Temple, Pol Llonch, Xavier Manteca

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Le tarissement entraîne une congestion de la glande mammaire qui provoque des douleurs au niveau de la mamelle. Ces douleurs sont plus prononcées chez les vaches à forte production et quand le tarissement est brutal. Deux types d’indicateurs permettent d’identifier les vaches souffrant de douleurs à la mamelle. Premièrement, les vaches peuvent montrer un comportement d’évitement lors de la palpation de la mamelle (fiche d’information FAWEC numéro 14). Deuxièmement, les vaches ne restent pas autant de temps en postition couchée pour tenter de soulager la pression sur la mamelle et la douleur.

Importance du comportement de repos

L’une des composantes essentielles du bien-être animal est la capacité d’exprimer un comportement normal. Le comportement de couchage est un comportement prioritaire chez les vaches laitières. Les vaches ont besoin de se coucher et leur motivation à le faire augmente après une période de privation. À cet égard, le temps que les vaches passent à se reposer et en position coucher est important, car la réduction de cette durée peut affecter à la fois leur production et leur bien-être. Parmi les autres avantages qui peuvent être cités, il est important de noter que lorsqu’une vache se couche, elle optimise sa rumination et produit plus de salive que lorsqu’elle est debout, réduisant ainsi le risque d’acidose ruminale. En outre, plus une vache reste debout, plus elle risque d’avoir des blessures aux pieds et donc de boiter.

Le comportement de couchage est influencé par de nombreux facteurs comme la qualité de la zone de repos, l’espace et la densité, la température ambiante et le stress thermique potentiel, l’état de santé de l’animal et les interactions sociales entre les vaches. Quand le logement n’est pas adéquat (ex. sols durs, litière humide, logettes trop petites) les vaches réduisent leur durée de couchage. Il est donc possible d’améliorer la durée de couchage des vaches en faisant des changements relativement simples sur les logettes. Par exemple, quand de la sciure humide est remplacée par de la litière sèche, les vaches taries logées dans des logettes augmentent leur temps de couchage de 9 à 14 heures par jour. Lorsque la litière de la logette est humide, les vaches restent debout, « perchées », avec leurs pattes avant à l’intérieur de la logette et les pattes arrières à l’extérieur de la logette et préfèrent ne pas se coucher.

Les indicateurs proposés par les protocoles de bien-être Welfare Quality® pour les vaches laitières peuvent aider les éleveurs et les vétérinaires à détecter certains problèmes liés au comportement de couchage. Quel que soit le système de logement utilisé, on considère qu’il y a un problème sérieux lorsque le temps moyen qu’une vache met pour se coucher est supérieur à 6,3 secondes et lorsqu’un pourcentage élevé de vaches sont partiellement ou totalement couchées en dehors de la zone de repos.

Indicateurs et outils de suivi du comportement de couchage des vaches laitières

Pour évaluer le confort des vaches, plusieurs indicateurs comportementaux peuvent être utilisés, notamment la durée totale de couchage, le nombre de fois qu’une vache se couche et se lève, et la durée de chaque épisode de couchage. Les vaches laitières en bonne santé restent couchées pendant environ 10 à 12 heures par jour, réparties en 8 à 10 épisodes par jour. Dans des conditions optimales, les vaches taries en bonne santé restent coucher environ 14 heures par jour. Des outils ont été mis au point pour suivre automatiquement ces indicateurs comportementaux. Le suivi automatique et continue du comportement des vaches durant 24 heures/24 peut aider les éleveurs et les vétérinaires à évaluer le confort et la santé des vaches. Il existe différents types d’outils à cet effet, tels que les podomètres. Ces capteurs sont assez précis et plusieurs marques sont disponibles sur le marché (par exemple, Onset Pendant G, Ice Tags). Ils peuvent être placés autour du cou ou des pattes des vaches.

Comment la douleur à la mamelle affecte le comportement de couchage

La réduction de la durée de couchage est utilisée pour évaluer l’inconfort causé par la distension de la mamelle due à l’accumulation de lait. Par exemple, lorsque l’on passe de 2 traites à une par jour en milieu de la lactation, la pression de la mamelle augmente, les fuites de lait aussi et les vaches restent debout au lieu de se coucher. Il a été démontré que les vaches réduisent leur temps de repos en raison de douleurs à la mamelle, probablement pour tenter de soulager la pression exercée sur la mamelle. Le jour suivant l’induction expérimentale d’une mammite clinique, on observe une réduction significative de 10% du temps total de couchage.

Le jour suivant un tarissement brutal, les vaches produisant moins de 10L/jour ne semblent pa modifier la durée totale de couchage. En revanche, les vaches produisant plus de 16 litres par jour au moment du tarissement réduisent la durée totale de couchage, augmentent le nombre de fois qu’elles se couchent et réduisent la durée de chaque épisode de couchage. À partir du deuxième jour après le tarissement, le comportement de coucahge semble aller dans la direction opposée : les vaches augmentent la durée pendant laquelle elles se couchent, diminuent le nombre de fois qu’elles se couchent et augmentent la durée de chaque épisode de couchage. Il pourrait s’agir de ce que l’on appelle « l’effet rebond », c’est-à-dire que les vaches ont besoin de se reposer et que leur motivation augmente après une période de privation.

« La réduction de la durée de couchage indique que la mamelle peut être douloureuse »

Prise en charge de la douleur durant le tarissment

Bien qu’il soit prouvé que le tarissement peut avoir des effets négatifs sur le bien-être des animaux, il existe très peu de stratégies pratiques pour réduire les problèmes de bien-être au moment du tarissement.

Les vaches taries sont généralement logées dans des cours ou des pâturages, ce qui favorise l’exercice pendant la phase de tarissement. Si les vaches taries sont logées en intérieur, il est également recommandé de laisser une une aire de couchage équivalente à 10 m2/vache et une aire d’alimentation suffisamment grande pour que toutes les vaches puissent manger en même temps (au moins 0,76 m d’auge par vache). Les litières doivent être de qualité, seches et renouvellées régulièrement. Les vaches taries devraient être protégées des courants d’air extrêmes et disposer d’une litière sèche pour se reposer autant d’heures qu’elles le souhaitent.

D’autre part, les vaches taries devraient être placées le plus loin possible de la salle de traite, car la vue, le bruit et l’odeur provenant de la salle de traite stimulent le réflexe d’éjection du lait.

Enfin, chez les vaches très productives, l’inhibition de la production de prolactine est recommandée pour réduire la production de lait au moment du tarissement, réduire le gonflement et l’engorgement de la mamelle et favoriser l’involution mammaire. Par exemple, l’administration d’une dose unique de cabergoline par voie intramusculaire pour faciliter le tarissement réduit efficacement les douleurs de la mamelle. Ainsi, on observe que les vaches traitées à la cabergoline se couchent plus longtemps que les vaches témoins au cours de la journée suivant le tarissement.

Résumé

Le comportement de couchage est un élément essentiel pour assurer le bien-être des vaches laitières. Le comportement de couchage peut être mesuré automatiquement à l’aide d’outils électroniques. Plusieurs paramètres peuvent indiquer que les vaches souffrent de douleurs à la mamelle : la réduction de la durée totale de couchage, l’augmentation du nombre de fois que les vaches se couchent et la réduction de la durée de chaque épisode de couchage. Les inhibiteurs de la prolactine sont recommandés pour faciliter le tarissement. Les inhibiteurs de la prolactine favorisent l’involution de la glande mammaire après le tarissement et cet effet minimise la douleur due à l’engorgement et à la pression sur la mamelle, faisant que les vaches puissent mieux se reposer et récuperer.

Références

  • Bach A, De-Prado A, Aris A 2015. Short communication : The effects of cabergoline administration at dry-off of lactating cows on udder engorgement, milk leakages, and lying behaviour. Journal of Dairy Science 98 : 1-5.
  • Chapinal N, Zobel G, Painter K, Leslie KE 2014. Changements dans le comportement de couchage après l’arrêt brutal de la traite et le regroupement au moment du tarissement chez les vaches logées en stabulation libre : A case study. Journal of Veterinary Behavior 9 : 364-369.
  • Isaka N, Mainau E, Temple D, Lopez A, De-Prado A, Bertulat S, Heuwieser W, Manteca X. Effect of cabergoline on lying behavior and udder pain in dairy cows at dry-off (données non publiées, en cours de révision pour le Journal of Dairy Science).
  • Ledgerwood DN, Winckler C, Tucker CB 2010. Évaluation des enregistreurs de données, des intervalles d’échantillonnage et des techniques d’édition pour mesurer le comportement de couchage des bovins laitiers. Journal of Dairy Science 93 : 5129-5139.
  • Metz JHM 1985. The reaction of cows to a short-term deprivation of lying. Applied Animal Behaviour Science 13 : 301-307.
  • O’Driscoll K, Gleeson D, O’Brien B, Boyle L 2011. L’omission d’un événement de traite régulier affecte-t-elle le confort des vaches ? Livestock Science 138 : 132-143.

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