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Effet de l’écornage et de l’ébourgeonnage sur le bien-être des bovins

Eva Mainau, Déborah Temple, Xavier Manteca

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L’écornage et l’ébourgeonnage sont des pratiques relativement fréquentes dans les élevages bovins. Elles ont principalement pour but de faciliter la manipulation des animaux en les rendant potentiellement moins dangereux aussi bien pour les personnes que pour les autres animaux. Qui plus est, les animaux sans cornes ont besoin de moins d’espace dans l’enclos et à l ‘auge que les animaux avec des cornes. Les procédés les plus utilisés actuellement sont l’ébourgeonnage par cautérisation, l’ébourgeonnage chimique par application de substance caustique et l’écornage par amputation. L’ébourgeonnage est généralement réalisé au cours des premières 4 à 6 semaines de vie de l’animal, quand les bourgeons des cornes ont entre 5 et 10 mm de long, alors qu’on réalise l’écornage quand la corne est déjà formée.

L’ÉCORNAGE ET L’ÉBOURGEONNAGE SONT DES PRATIQUES DOULOUREUSES

Même si l’écornage et l’ébourgeonnage se justifient pour la manipulation et même le bien-être des animaux, il ne fait aucun doute qu’il s’agit de pratiques douloureuses.

La douleur a été évaluée en utilisant des indicateurs de comportement, physiologiques, et productifs. Les changements de comportement sont un indicateur important de la douleur. Les indicateurs physiologiques peuvent aussi être spécialement utiles chez des animaux comme les bovins, car ceux-ci ne montrent généralement pas de changement de comportement prononcé jusqu’à ce que les lésions ne deviennent graves.

INDICATEURS DE COMPORTEMENT, PHYSIOLOGIQUES ET PRODUCTIFS DE LA DOULEUR CAUSÉE PAR L’ÉCORNAGE ET L’ÉBOURGEONNAGE

Indicateurs de comportement

Augmentation

  • Couché / debout
  • Agitation de la queue
  • Agitation de la tête
  • Secouer les oreilles
  • Donner des coups de pied
  • Grattage

Diminution

  • Ingestion et rumination

Indicateurs physiologiques et productifs.

Augmentation

  • Cortisol plasmatique
  • Cortisol salivaire
  • Fréquence cardiaque
  • Fréquence respiratoire

Diminution

  • Prise de poids

On observe en plus une augmentation de la fréquence du comportement de toilettage pendant et immédiatement après l’écornage par cautérisation. Au contraire, on observe un amoindrissement de la fréquence de ce comportement après l’ébourgeonnage chimique et l’écornage.

Bien qu’on ait traditionnellement pensé que les animaux nouveau-nés sont moins sensibles à la douleur que les adultes, cette idée semble fausse. En réalité, les animaux des espèces dites précoces ( c’est à dire qui naissent dans un état de développement moteur et sensoriel très avancé, comme les bovins, par exemple ) qui sont capables de ressentir de la douleur avant d’être nés. Et même si cette capacité augmente graduellement, tout semble indiquer que les jeunes ruminants ont une sensibilité à la douleur assez développée après seulement quelques jours de vie.

Cautérisation des bourgeons de corne pour empêcher la croissance de la corne (photo reproduite avec l’aimable autorisation de l’université d’État de l’Iowa, États-Unis).

L’ÉBOURGEONNAGE PAR CAUTÉRISATION

L’ébourgeonnage par cautérisation provoque des changements de comportements indiquant l’existence de douleur aussi bien pendant qu’après sa réalisation. Ceux-ci se maintiennent pendant 4 heures. L’ébourgeonnage par cautérisation crée une blessure raisonnablement superficielle de la peau autour des bourgeons des cornes.

L’ÉBOURGEONNAGE CHIMIQUE

La réaction à l’ébourgeonnage chimique est différente, parce que le veau ne manifeste généralement aucune douleur pendant le procédé. Une fois fait, on observe toutefois des changements de comportement indicateurs de douleur lesquels peuvent durer 3 ou 4 heures. La substance caustique peut occasionner de profondes lésions à l’animal ébourgeonné et même aux autres animaux suite à un contact physique.

ÉCORNAGE PAR AMPUTATION

L’écornage par amputation provoque des changements de comportement pendant le procédé et durant les 6 à 8 heures suivantes. L’amputation affecte la peau, l’os et, parfois, le sinus frontal, provoquant des lésions très profondes et étendues.

CONCENTRATION PLASMATIQUE DE CORTISOL

Le cortisol est une hormone glucocorticoïde produite par la glande supra-rénale et dont la sécrétion augmente en réponse au stress. On a observé que la concentration plasmatique de cortisol augmente en réponse à une maladie ou une lésion et aussi comme conséquence de la peur ou de la douleur. L’écornage et l’ébourgeonnage sont des procédés douloureux et stressants, ils causent donc une augmentation de la concentration plasmatique de cortisol. L’ébourgeonnage par cautérisation provoque une légère augmentation de la concentration plasmatique totale de cortisol, qui atteint un niveau maximum au bout de 30 minutes et revient à des niveaux de prétraitement 2 à 4 heures après. L’ébourgeonnage chimique cause une augmentation de la concentration plasmique de cortisol pendant l’heure qui suit l’application du produit caustique, et revient à des niveaux de prétraitement 4 à 24 heures après. L’écornage provoque une augmentation immédiate de la concentration plasmique de cortisol, qui atteint son niveau maximal au bout de 30 minutes après le traitement et retrouve des niveaux prétraitement entre 5 heures et 9 heures après.

MINIMISER OU CONTRÔLER LA DOULEUR

S’il n’est pas possible d’utiliser une anesthésie locale et une analgésie systémique, l’ébourgeonnage par cautérisation est préférable à l’ébourgeonnage chimique et à l’écornage. En effet, comme nous l’avons dit, l’augmentation de la concentration plasmatique de cortisol dans les heures qui suivent l’ébourgeonnage par cautérisation est moindre que celle provoquée par l’ébourgeonnage chimique et l’amputation, ce qui laisse à penser que l’ébourgeonnage par cautérisation est moins douloureux, au moins à court terme, que les autres techniques.

Quand c’est possible, on doit utiliser une combinaison d’anesthésie locale et d’analgésie systémique administrant des AINS (anti-inflammatoire non stéroïdien) qui supprime presque totalement les changements de comportements et hormonaux, indicateurs de douleur aiguë dans le cas de l’écornage comme dans celui de l’ébourgeonnage. En plus, comme les animaux peuvent ressentir une douleur chronique de 24 à 48 heures après l’écornage ou l’ébourgeonnage, il faut éventuellement penser à prolonger le traitement analgésique.

RECOMMANDATIONS EUROPÉENNES

La législation européenne actuelle sur le normes minimales pour la protection des veaux (Directive 91/629/CEE) ne régule pas les procédés d’écornage et d’ébourgeonnage. Toutefois, dans certains pays, il est obligatoire de soulager la douleur pendant les processus douloureux. De plus, selon le Code Européen des Recommandations pour le Bien-être des Bovins, l’ébourgeonnage doit être réalisé avant que les veaux aient 2 mois et idéalement dès que les bourgeons des cornes sont visibles. Il est recommandé de ne pas réaliser d’ébourgeonnage chimique, et l’ébourgeonnage par cautérisation doit être fait sous anesthésie locale par quelqu’un de formé et de compétent. L’ébourgeonnage ne devrait pas être un procédé routinier et l’usage de bovins sans corne doit être considéré comme une alternative future à l’écornage.

« L’ÉCORNAGE EST UN TERME QUI PEUT ÊTRE APPLIQUÉ À L’ÉLIMINATION DES CORNES DES BOVINS QUEL QU’EN SOIT L’ÂGE, ALORS QUE L’ÉBOURGEONNAGE SE RÉFÈRE À L’ÉLIMINATION DES BOURGEONS DES CORNES DES VEAUX JUSQU’À L’ÂGE D’ENVIRON 2 MOIS »

RÉSUMÉ

L’écornage et l’ébourgeonnage sont des pratiques douloureuses qui sont fréquemment réalisées sur le bétail pour en faciliter la manipulation. Afin de réduire la douleur causée par de tels procédés, il est recommandé d’utiliser une combinaison d’anesthésie locale et d’analgésie systémique avec AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens).

RÉFÉRENCES

  • ALCASDE Project – Final Report: Study on the improved methods for animal-friendly production, in particular on alternatives to the castration of pigs and on alternatives to the dehorning of cattle, December 2009 (SANCO/2008/D5/018).
  • Anil L, Anil S S and Deen J 2005 Pain detection and amelioration in animals on the farm: issues and options Journal of applied animal welfare science 8: 261-278.
  • Code of Recommendations for the Welfare of Livestock: cattle, Defra Publications, March, 2003.
  • Mellor D J and Diesch T J 2006 Onset of sentience: the potential for suffering in fetal and newborn farm animals
  • Applied Animal Behaviour Science 100: 48-57.
  • Scientific Veterinary Committee 1995 Report on the Welfare of Calves Brussels: European Commission.
  • Stafford K J and Mellor D J 2011 Addressing the pain associated with disbudding and dehorning in cattle Applied
  • Animal Behaviour Science 135: 226-231.
  • Vickers K J, Niel L, Kiehlbauch L M and Weary D M 2005 Calf response to caustic paste and hot-iron dehorning using sedation with and without local anesthetic Journal of Dairy Science 88: 1454-1459.

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