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La mammite cher la vache laitière

Eva Mainau, Déborah Temple, Xavier Manteca

La mammite est considérée comme l’un des principaux problèmes économiques et de bien-être animal chez les vaches laitières. Bien que l’on ait constaté ces dernières années une diminution de l’incidence de mammites, des taux élevés de 25 à 45 % sont encore signalés. La mammite est une maladie multifactorielle dans laquelle l’environnement, les agents pathogènes et l’hôte (la vache) interagissent.

La mammite entraîne des pertes productives et économiques

La mammite est l’une des maladies les plus coûteuses de toutes celles qui affectent le cheptel laitier. Les coûts économiques directs associés à la mammite comprennent la réduction de la production et de la qualité du lait, l’augmentation des frais vétérinaires, le rejet du lait (pendant le traitement) et les pénalités liées aux cellules somatiques (CCS). Les principaux coûts indirects, souvent sous-estimés par les éleveurs, sont l’augmentation des taux de réforme et la diminution de la fertilité. On estime que chaque cas de mammite clinique entraîne une perte moyenne d’environ 200 euros. Le coût de la mammite subclinique dépend du nombre de vaches ayant des taux de CCS élevés et est principalement dû aux pertes de production laitière.

Classification de la mammite et des agents responsables

Les vaches atteintes de mammite clinique présentent généralement une inflammation apparente de la mamelle et leur lait peut contenir des caillots, des grumeaux et parfois du sang. Les vaches atteintes de mammite subclinique ne présentent pas d’inflammation visible de la mamelle et sont diagnostiquées par le taux de CCS individuel ou le test de Californie.

Les micro-organismes à l’origine de la mammite sont classés en deux catégories : les micro-organismes contagieux et les micro-organismes environnementaux. Les micro-organismes contagieux, tels que S. aureus, S. dysgalactiae et S. agalactiae, ne survivent pas longtemps en dehors de la vache et la transmission entre animaux a généralement lieu pendant la traite. En revanche, les micro-organismes environnementaux tels que E. coli, S. uberis, S. faecalis et Klebsiella spp. sont des envahisseurs opportunistes de la mamelle et peuvent être trouvés sur différents substrats tels que la litière.

La mammite est une maladie douloureuse

La mammite sévère est considérée par les éleveurs et les vétérinaires comme l’un des processus les plus douloureux chez les vaches laitières. Toutefois, il est bien connu que les vaches souffrant de mammites légères à modérées peuvent également ressentir de la douleur. En fait, même la mammite subclinique s’accompagne d’une augmentation des niveaux de bradykinine, un peptide qui intervient dans la réponse inflammatoire de la mamelle.

Les vaches atteintes de mammite présentent divers comportements associés à la maladie (par exemple, réduction de la consommation d’aliments et apathie). Ces comportements constituent généralement une stratégie d’adaptation bien organisée qui permet à l’animal d’accroître sa résistance à la maladie et de se rétablir plus rapidement. Cependant, la douleur causée par la mammite peut modifier l’expression des comportements associés à la maladie. Ainsi, bien que le temps passé par une vache en position couchée augmente généralement au cours d’une maladie – aidant ainsi l’animal à économiser de l’énergie – les vaches atteintes de mammite réduisent le temps passé en position couchée en raison de la douleur de la mamelle, ce qui, à son tour, a des effets négatifs importants sur le bien-être et la production. Il convient de rappeler que la position couchée est un comportement très important pour les vaches laitières et que les vaches en bonne santé s’allongent environ 12 à 13 heures par jour. En outre, certaines études montrent des changements très prononcés dans la latéralité du comportement de couchage, les vaches réduisant le temps de couchage sur le côté ou la mammelle est touchée par l’inflammation.

Indicateurs de la douleur causée par la mammite chez les vaches laitières

Indicateurs comportementaux

Augmentation

  • Agitation pendant la traite
  • Distance entre les jarrets lorsque la vache est debout

Diminution

  • Temps passé en position couchée
  • Temps passé à manger
  • Ruminer
  • Temps passé à se toiletter (léchage)

Indicateurs physiologiques et productifs

Augmentation

  • Fréquence cardiaque et respiratoire
  • Température rectale
  • Protéines de la phase aiguë

Diminution

    • Production et qualité du lait
    • Consommation de matière sèche

Différents indicateurs de douleur (comportementaux et physiologiques) liés à la mammite ont été identifiés. Pendant au moins trois jours après la détection d’un cas de mammite, les vaches se montrent plus agitées pendant la traite, car elles sont plus susceptibles de donner des coups de pied et d’augmenter la fréquence des pas dans la salle de traite.

Lorsque la vache est debout, la distance entre les jarrets est plus grande chez les vaches atteintes de mammite que chez les vaches saines, ce qui indique que la douleur due à l’inflammation de la mamelle entraîne une modification de la posture des pattes arrière. La mammite, en plus de réduire la rumination, peut également réduire la motilité du rumen, ce qui réduit la dégradation microbienne des aliments ingérés.

En ce qui concerne les indicateurs physiologiques, les protéines de phase aiguë (APP) telles que l’amyloïde A sérique et l’haptoglobine augmentent rapidement dans le sérum et le lait lorque la vache est atteinte de mammite. Les PPA sont de bons indicateurs de l’infection, du stress, de l’inflammation et de la douleur liés à la mammite.

Hyperalgésie et allodynie

La mammite sévère provoque à la fois une hyperalgésie (sensibilité accrue à la douleur) et une allodynie (processus par lequel des stimuli qui ne devraient pas être douloureux provoquent de la douleur). Les vaches atteintes d’une mammite légère à modérée peuvent également présenter une hyperalgésie pendant au moins 4 jours.

Recommandations en matière de prévention

Selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA, 2009), les principaux facteurs de risque de mammite sont une mauvaise hygiène de la litière (en particulier pour les micro-organismes environnementaux) et un équipement de traite mal conçu, mal utilisé ou mal entretenu (en particulier pour les micro-organismes contagieux). L’environnement dans lequel les vaches évoluent (en particulier les aires de repos et de passage ainsi que la salle de traite) doit être propre, sec et bien ventilé. Pendant la traite, il est conseillé de mettre en œuvre des programmes de prévention et de contrôle de routine (par exemple, préparer et désinfecter correctement les trayons, traire les vaches saines au début et les vaches infectées à la fin, etc.) L’identification précoce des cas de mammite, tant pendant la lactation que pendant la période de tarissement, est très importante, de même qu’un suivi et un traitement adéquats. Les vaches souffrant de mammite systémique grave doivent être logées dans une zone séparée. Pour garantir le bon fonctionnement du système immunitaire des vaches, il est important de maintenir une alimentation adéquate et de minimiser les situations de stress.

Le contact de la mamelle avec une surface sale avant ou après la traite augmente le risque de mammite

Traitement de la douleur

En cas de mammite clinique, un traitement à base d’antibiotiques et d’anti-inflammatoires est recommandé. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont plus efficaces que les glucocorticoïdes pour réduire les signes cliniques associés à la mammite. L’administration d’AINS à des vaches souffrant de mammite induite expérimentalement réduit l’inflammation et la douleur de la mamelle, maintient la motilité du rumen, diminue la température rectale et la fréquence cardiaque et, dans certains cas, améliore l’ingestion d’aliments et augmente la production de lait. Bien que les études soient peu nombreuses, l’administration d’AINS à des vaches souffrant de mammite non induite réduit la douleur, la fréquence cardiaque et respiratoire, ainsi que le taux de CCS. En outre, l’administration d’AINS permet de réduire le nombre de vaches réformées à la suite d’une mammite. Enfin, les vaches traitées aux AINS se rétablissent plus rapidement que celles qui reçoivent uniquement des antibiotiques.

« Toutes les mammites cliniques, qu’elles soient modérées ou sévères, sont douloureuses

Résumé

La mammite est une maladie multifactorielle et l’un des principaux problèmes économiques et de bien-être des vaches laitières. Toutes les mammites cliniques provoquent de la douleur et du stress. Les mesures de prévention comprennent l’amélioration de l’hygiène des vaches et l’établissement d’une bonne routine de traite. L’utilisation d’AINS est un aspect très important du traitement de la mammite, car elle réduit la douleur et accélère le rétablissement des animaux.

Références

  • EFSA 2009. Avis scientifique sur le bien-être des vaches laitières en relation avec les problèmes de mamelle, fondé sur une évaluation des risques, avec une référence particulière à l’impact du logement, de l’alimentation, de la gestion et de la sélection génétique. The EFSA Journal 2009, 1141:1-60.
  • Hogeveen H, Huijps K, Lam TJGM. Economic aspects of mastitis : new developments. New Zealand Veterinary Journal 2011, 59:16-23.
  • Leslie KE, Petersson-Wolfe CS. Assessment and management of pain in dairy cows with clinical mastitis (Évaluation et gestion de la douleur chez les vaches laitières atteintes de mammite clinique). Veterinary Clinics of North America : Food Animal Practice 2012, 28:289-305.
  • Siivonen J, Taponen S, Hovinen M, Pastell M, Lensink BJ, Pyörälä S, Hänninen L. Impact of acute clinical mastitis on cow behaviour. Applied Animal Behaviour Science 2011, 132:101-106.

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