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Peur causée par une mauvaise relation entre l’homme et l’animal

Déborah Temple, Eva Mainau, Xavier Manteca
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La qualité de l’interaction entre les animaux et les personnes chargées de les soigner a un effet très important sur le bien-être et la production du troupeau. En effet, l’attitude des personnes qui s’occupent des animaux détermine si le troupeau est plus ou moins craintif à l’égard des personnes, et celà affecte à son tour la production de lait.

La peur est définie comme une expérience émotionnelle désagréable provoquée par un stimulus que l’animal perçoit comme une menace. En général, les stimuli qui provoquent la peur sont de deux types. Premièrement, des stimuli sensoriels très intenses – des bruits, par exemple – déclenchent une réaction de peur sans qu’aucun processus d’apprentissage ne soit nécessaire. Deuxièmement, grâce à un processus d’apprentissage par conditionnement, les animaux associent des stimuli en principe neutres – comme un être humain – à des expériences négatives telles que frapper, crier ou pousser. De plus, selon certains auteurs, les animaux domestiques perçoivent encore l’homme comme un prédateur et sont donc, dans une certaine mesure, « prédisposés » à associer la présence humaine à des stimuli négatifs. En outre, la réaction de peur des animaux dépend également d’aspects génétiques, car différentes études ont montré que la peur a une héritabilité moyenne à élevée.

Les vaches utilisent des phéromones pour communiquer entre elles. Dans une situation de peur, l’une des phéromones décrites chez les vaches fonctionnerait comme un signal d’alarme. Lorsque les vaches ont peur, elles libèrent dans l’environnement extérieur une molécule ou un ensemble de molécules produites dans les glandes cutanées situées dans les sabots, ce qui déclenche à son tour une réaction de peur ou de stress chez les autres vaches. Il est donc possible que l’effet d’une action qui provoque la peur chez une vache se propage aux autres animaux du troupeau.

La peur déclenche un certain nombre de changements comportementaux – principalement le comportement de fuite – et des changements physiologiques. En général, les changements physiologiques associés à la peur sont les mêmes que ceux qui constituent la réponse au stress et ont des effets négatifs sur l’ingestion d’aliments, la rumination, la production de lait et la fertilité. La réponse de peur inhibe la synthèse et la libération de l’ocytocine, qui est responsable du réflexe d’éjection du lait. Cela explique en grande partie l’importance de l’interaction homme-animal dans la salle de traite.

« L’attitude du personnel chargé de s’occuper des animaux peut changer, et la formation peut améliorer la relation homme-animal dans les élevages laitiers

Les travaux menés à ce jour sur les vaches laitières indiquent que le paramètre qui détermine le plus fortement la peur de l’homme chez les vaches est le pourcentage d’interactions négatives par rapport au nombre total d’interactions qui ont lieu entre le personnel et les animaux. Les interactions négatives les plus fréquentes sont les bousculades et les coups lorsque les vaches sont amenées en salle de traite. Au contraire, les interactions positives comprennent les caresses, le simple fait de poser la main sur le corps de la vache pendant la traite et une voix douce et posée. Il est également intéressant de rappeler que l’un des principaux facteurs contribuant au développement des boiteries chez les vaches laitières est l’agitation provoquée lorsque les vaches sont amenées vers la salle de traite.

Les vaches qui sont régulièrement caressées ou brossées craignent beaucoup moins les personne que les vaches qui ont peu de contacts avec les personnes. Ces vaches sont moins agitées quand des persones s’apporchent d’elles, leur rythme cardiaque n’augmente pas et les concentrations plasmatiques de cortisol sont faibles, ce qui indique une réponse au stress beaucoup moins importante que quand les vaches ont peur des personnes.

L’interaction la plus fréquente entre le personnel de l’élevage et les vaches a lieu pendant la traite (non automatique) et lorsque les vaches sont conduites à la salle de traite ou ramenées à l’enclos. Le déplacement des animaux peut être stressant, surtout s’il est effectué de manière inappropriée ou si les installations ne sont pas correctes. La figure suivante montre la meilleure façon de déplacer les vaches.

Positions dans lesquelles une personne doit se tenir lorsqu’elle déplace des vaches (d’après Grandin, 1980)

zone de fuite = espace qui, lorsqu’il est envahi par une personne, permet à l’animal de s’échapper

  • position A = en dehors de la zone de fuite
  • position B = à l’intérieur de la zone de fuite
  • Lorsqu’une personne passe de la position A à la position B, elle exerce une « pression » sur l’animal et le fait bouger

point d’équilibre = l’animal avancera si la personne marche derrière le point, tandis qu’il reculera si la personne marche devant le point.

angle mort = zone où l’animal ne peut pas voir la personne.

La relation homme-animal peut être évaluée par ce que l’on appelle la « distance de fuite ». Les observations doivent être effectuées par une personne qui n’interagit pas régulièrement avec les vaches et sont réalisées lorsque les vaches mangent. La personne effectuant les observations doit se tenir à environ 2 mètres de la tête de la vache à observer et se déplacer lentement vers la vache, le bras formant un angle de 45° avec le sol et la paume de la main tournée vers le bas ; la personne ne doit pas regarder directement dans les yeux de la vache. La distance entre le bout des doigts de la main et le museau de la vache lorsque celle-ci effectue son premier mouvement de retrati doit être anotée. Idéalement, la distance moyenne devrait être inférieure à 50 cm (dans les élevages où le rapport homme-animal est très bon, la plupart des vaches se laissent toucher). Si le nombre de vaches par enclos est compris entre 100 et 150, il faut observer environ 50 à 60 vaches par enclos.

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