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Problèmes de bien-être pendant la période de tarissement chez les vaches laitières

Xavier Manteca, Eva Mainau, Déborah Temple
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La tarissement est une étape critique pour pouvoir assurer le bien-être des vaches laitières et leur production pour la lactation suivante. Les principaux problèmes de bien-être pendant la période de tarissement sont le risque accru d’infections intramammaires, l’inconfort et la douleur causés par l’accumulation de lait dans la mamelle, la restriction de l’alimentation et de l’eau et les interactions agressives entre les vaches. La figure ci-dessous résume certains de ces problèmes.

Risque accru d’infections intramammaires

Plusieurs études ont montré que plus de 60% des nouvelles infections intramammaires se produisent pendant la période de tarissement et que la grande majorité d’entre elles sont causées par des agents pathogènes environnementaux. Au cours de la phase de tarissement, le risque de nouvelles infections intramammaires est particulièrement élevé à deux moments : peu après le tarissement et juste avant le vêlage.

Plusieurs facteurs contribuent à augmenter le risque d’infections intramammaires immédiatement après le tarissement, notamment le fait que, les vaches n’étant pas traites, les bactéries présentes dans le canal du trayon ne sont plus régulièrement expulsées et la désinfection des trayons est interrompue. L’engorgement de la mamelle dû à l’arrêt brutal de la traite et l’accumulation de lait qui en résulte (voir ci-dessous) peuvent provoquer des fuites de lait et retarder la formation du bouchon de kératine, de sorte que le canal du trayon s’élargit et se raccourcit. Et le lait est un substrat idéal pour la croissance bactérienne.

Juste avant le vêlage, le risque de nouvelles infections intramammaires augmente car le bouchon de kératine se désagrège, la fonction leucocytaire diminue et, chez certaines vaches, il y a un goute à goute du colostrum .

Vache sèche couchée sur une aire paillé sale

La mammite est un problème de bien-être très important, principalement parce qu’elle provoque de la douleur. En effet, plusieurs indicateurs comportementaux et physiologiques montrent que toutes les mammites cliniques sont douloureuses. Par exemple, lorsque la vache est debout, la distance entre les jarrets est plus grande chez les vaches atteintes d’une mammite légère ou modérée que chez les vaches saines, ce qui indique que les vaches modifient la posture de leurs pattes arrière pour réduire la pression sur la mamelle. En outre, les vaches atteintes de mammite légère ou modérée présentent une sensibilité accrue à la pression exercée sur la patte la plus proche du paturon affecté, ce qui indique que le seuil de la douleur est abaissé en raison du processus inflammatoire.

Pour réduire le risque de nouvelles infections intramammaires, il est particulièrement important de fournir aux vaches une aire de repos appropriée afin qu’elles puissent rester propres, sèches et à l’aise. L’évaluation de la salissure des vaches peut être un outil utile pour identifier d’éventuels problèmes de logement ou de gestion susceptibles de compromettre la santé de la mamelle. L’un des indicateurs inclus dans le protocole Welfare Quality® pour évaluer le bien-être des vaches laitières est précisément la salissure des vaches. Selon ces protocoles, la salissure est évaluée sur la mamelle et sur les parties inférieures et supérieures de l’arrière-train des vaches, et trois niveaux d’atteinte sont pris en compte : aucun problème, problème modéré et problème grave. Pour avoir une évaluation fiable il faut évaluer un nombre minimum de vaches taries.

Inconfort et douleur causés par l’accumulation de lait dans la mamelle

Le tarissement est actuellement effectué 45 à 60 jours avant la date prévue du vêlage. Au moment du tarissement, qui est l’arrêt brutal de la traite, certaines vaches produisent encore des quantités considérables de lait (dans certains cas jusqu’à 50 litres par jour). Par conséquent, le tarissement entraîne l’accumulation de grandes quantités de lait dans la mamelle et l’engorgement qui s’ensuit est particulièrement prononcé chez les vaches à forte production. Cet engorgement de la mamelle est source d’inconfort et de douleur.

Il existe deux types de preuves qu’une proportion élevée de vaches ressentent des douleurs à la mamelle après le tarissement : le comportement au repos et le comportement de la vache en réponse à la manipulation de la mamelle. Les vaches laitières sont très motivées pour se coucher pendant de longues périodes et les vaches qui viennent d’être tarie réduisent considérablement leur temps de couchage, très probablement pour soulager la pression sur la mamelle. Lorsque on palpe la mamelle peu après le tarissement, de nombreuses vaches montrent des signes de douleur. Entre 10 et 20% des vaches souffrent de douleurs dues à l’engorgement de la mamelle et chez 6% des vaches, la douleur de la mamelle est très forte. Si l’on extrapole ces pourcentages au nombre total de vaches laitières dans l’Union européenne (environ 23 millions de vaches), on peut conclure qu’entre 2,5 et 4,6 millions de vaches souffrent de douleurs au pis dues au tarissement.

Comme nous venons juste de voir, au moment du tarissement, le risque d’infections intramammaires est accru. En outre, le stress augmente la sensibilité des animaux aux maladies infectieuses ; ainsi, la nature stressante du tarissement (qui est en grande partie causée par l’engorgement de la mamelle et la douleur) peut augmenter le risque d’autres problèmes de bien-être (par exemple, les infections intramammaires).

« Le tarissement est douloureux et stressant »

Accès restreint aux aliments et à l’eau

La restriction de l’alimentation et surtout de l’eau est parfois utilisée comme méthode pour interrompre rapidement la production de lait. La restriction brutale de l’alimentation et de l’eau est associée à une augmentation du cortisol, qui est un indicateur de stress. D’autre part, la restriction de la consommation d’eau constitue un grave problème de bien-être.

Interactions agressives et concurrence entre les vaches

À l’approche du jour du vêlage, les vaches sont souvent déplacées vers un nouvel enclos et melangies à d’autres vaches. En fait, le mélange de vaches de différents lots peut se produire plusieurs fois au cours des dernières semaines de gestation. Plusieurs études montrent que mélanger des vaches de différents groupes réduit le temps de rumination et augmente l’agressivité entre vaches.

Chaque vache réagit différemment au regroupement et cela peut avoir des effets importants sur son état de santé après le vêlage. Par exemple, il a été démontré que les vaches qui passent moins de temps à manger avant le vêlage (et qui sont souvent des vaches subordonnées) sont plus susceptibles de souffrir de métrite et de cétose après le vêlage que les vaches dominantes, qui mangent davantage. Cela semble être dû au stress des vaches subordonnées qui sont fréquemment déplacées de la mangeoire par les vaches dominantes. Par conséquent, il peut être particulièrement important de fournir un espace d’alimentation suffisant pour réduire les effets négatifs de la concurrence entre les vaches.

Résumé

Les principaux problèmes de bien-être pendant la phase de tarissement sont un risque accru d’infections intramammaires, la douleur et l’inconfort causés par l’accumulation de lait dans la mamelle après le tarissement, et le stress dû au mélange de vaches de différents lots et à la concurrence entre les vaches. Ces problèmes de bien-être sont susceptibles d’avoir des effets négatifs sur la santé et la production des vaches. Parmi les stratégies importantes visant à améliorer le bien-être des vaches pendant la période de tarissement, citons la mise à disposition d’un endroit sec, propre et confortable pour se reposer et, dans la mesure du possible, éviter la concurrence entre les vaches. Réduire l’engorgement de la mamelle après le tarissement serait très bénéfique pour réduire l’inconfort, la douleur et le risque de nouvelles infections intramammaires.

Références bibliographiques

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