Marina Salas, Xavier Manteca
Le bien-être des animaux est devenu une priorité pour les parcs zoologiques modernes. Les protocoles d’évaluation du bien-être animal doivent être basés sur le principe que le bien-être comprend la santé physique et émotionnelle, ainsi que le comportement des animaux
Indicateurs de bien-être
Les indicateurs de bien-être peuvent être divisés en indicateurs « basés sur l’environnement » et en indicateurs « basés sur l’animal ». Les indicateurs « basés sur l’environnement » sont des variables qui ne sont pas mesurées chez les animaux, mais dans leur environnement. Des exemples d’indicateurs « basés sur l’environnement » sont la taille et la conception des installations où les animaux évoluent, l’approvisionnement en eau et l’enrichissement de l’environnement.
En revanche, les indicateurs « basés sur l’animal » comprennent toutes les variables mesurées directement chez les animaux, telles que les changements de comportement, leur apparence physique, leur santé et des paramètres physiologiques.
Indicateurs liés au comportement des animaux
Les changements de comportement sont particulièrement utiles pour évaluer le bien-être. Ils comprennent à la fois les comportements « anormaux » (c’est-à-dire les comportements qui ne sont jamais ou rarement observés dans la nature et qui sont révélateurs d’un manque de bien-être) et les changements dans la fréquence, la durée ou l’intensité des comportements normaux. Les stéréotypies et l’apathie sont des exemples de comportements « anormaux ». Les stéréotypies ont été décrites comme des comportements répétitifs causés par la frustration, par des tentatives répétées d’adaptation à l’environnement ou par un dysfonctionnement du système nerveux central. En général, ces comportements répétitifs sont considérés comme des indicateurs d’un manque de bien-être.
L’apathie est définie comme un état anormal d’inactivité qui s’accompagne d’une absence de réaction aux stimuli environnementaux. L’apathie peut se manifester chez les animaux vivant dans des environnements monotones et/ou stressants, en particulier lorsque les animaux sont incapables d’exercer un contrôle sur le milieu environnant.
Le deuxième type de changement comportemental particulièrement utile pour évaluer le bien-être est l’apparition de changements dans la fréquence, la durée ou l’intensité de comportements normaux. Il s’agit par exemple de changements dans la consommation de nourriture, le jeu et les comportements affiliatifs, agressifs et maternels.
Indicateurs liés à l’apparence physique des animaux
L’état corporel, l’état du pelage et des plumes, la posture et l’expression faciale des animaux sont également utiles pour évaluer le bien-être. Par exemple, un état corporel médiocre ou excessif peut indiquer un problème de bien-être. Un mauvais état corporel ou une perte de poids peuvent indiquer une alimentation inadéquate, une maladie ou une famine chronique. En revanche, un état corporel excessif ou l’obésité peuvent augmenter le risque de boiterie et avoir des effets néfastes sur la santé des animaux. L’obésité vient souvent d’une alimentation inadéquate ou d’un manque d’exercice physique, soit parce que l’animal ne dispose pas d’assez de place, soit parce que l’environnement ne stimule pas le comportement et le niveau d’activité normaux de l’animal.
Indicateurs notés dans les registres
La prévalence et l’incidence des maladies ainsi que l’espérance de vie sont des indicateurs qui sont souvent indiqués dans les registres. La santé est un aspect très important du bien-être et toute maladie peut être considérée comme un indicateur négatif de bien-être. Les maladies particulièrement importantes pour l’évaluation du bien-être sont les suivantes :
- Les maladies qui causent des douleurs (surtout si elles sont graves et/ou prolongées).
- Les maladies qui causent de l’inconfort.
- Les maladies qui affaiblissent l’animal, entravent sa capacité à accéder à des ressources importantes ou le rendent plus vulnérable à d’éventuelles agressions.
- Les maladies qui interfèrent avec l’expression d’un comportement normal et réduisent la probabilité que l’animal éprouve des émotions positives.
- Les maladies multifactorielles qui dépendent en partie du stress ou des conditions environnementales.
L’espérance de vie peut également être utilisée comme indicateur . Plusieurs facteurs peuvent expliquer les effets négatifs de la captivité sur l’espérance de vie. Il s’agit par exemple d’un stress ou d’une anxiété de longue durée, d’une prévalence élevée de maladies en captivité, de la consanguinité, d’altérations du comportement maternel et d’agressions entre animaux.
Indicateurs physiologiques
Les paramètres physiologiques peuvent également fournir des informations utiles sur le bien-être des animaux. Les indicateurs physiologiques les plus couramment utilisés sont ceux qui mesurent l’activité de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HPA), car la réponse au stress implique l’activation de cet axe qui, à son tour, entraîne une augmentation de la sécrétion de glucocorticoïdes. La concentration de cortisol, de corticostérone ou de leurs métabolites est utilisée pour mesurer la réponse au stress et donc pour évaluer le bien-être des animaux. La concentration en glucocorticoïdes peut être mesurée dans une variété d’échantillons biologiques, le plasma, la salive, les fèces, les poils ou les plumes étant les plus couramment utilisés chez les animaux de parcs zoologiques.
D’autres mesures physiologiques telles que la concentration d’ocytocine, la longueur des télomères, le rapport hétérophiles/lymphocytes et les protéines de phase aiguë sont également utilisées comme indicateurs de bien-être.
Conclusion
Nous avons vu précédemment que le bien-être englobe la santé physique et émotionnelle ainsi que le comportement des animaux. Il n’existe pas d’indicateur unique fournissant suffisamment d’informations pour évaluer le bien-être des animaux. C’est pourquoi le bien-être des animaux doit être évalué par une combinaison de diferents types d’indicateurs. Les indicateurs décrits dans cette fiche tèchnique présentent des limites méthodologiques qu’il convient de prendre en compte avant de tirer des conclusions sur le niveau de bien-être des animaux en captivité.
Références
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