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Effet du stress dû à la chaleur sur la production de lait des vaches laitières : une vision pratique

Déborah Temple, Fernando Bargo, Eva Mainau, Ignacio Ipharraguerre, Xavier Manteca

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Le stress dû à la chaleur est l’un des principaux défis auxquels sont confrontés les producteurs de troupeaux laitiers dans de nombreuses régions du monde. Le stress dû à la chaleur réduit l’ingestion d’aliments, réduit la quantité du lait produit, altère sa qualité et a des effets nefastes sur la reproduction. Ce bref document décrit les effets négatifs du stress dû à la chaleur sur la production et le bien-être des vaches laitières, et expose quelques stratégies qui peuvent être utilisées pour atténuer ces effets. Nous verrons le cas du groupe argentin Chiavassa, qui a mis en place avec succès un système de lutte contre le stress dû à la chaleur dans une exploitation de 1 000 vaches laitières.

Impact économique

On estime que jusqu’à 10% de la variabilité de la production laitière est dûe à des facteurs climatiques tels que la température. La diminution de la production laitière en cas de stress dû à la chaleur est due au fait que la vache réduit sa consommation d’aliments, alors que ses besoins energètiques, eux, augmentent. Le stress dû à la chaleur réduit la concentration en protéines et en matières grasses du lait, inhibe la rumination et provoque une immunosuppression, augmentant ainsi l’incidence de certaines maladies. Le stress dû à la chaleur réduit considérablement les indices de reproduction en diminuant la synthèse et la libération des hormones LH et GnRH, en inhibant l’ovulation et l’expression des chaleurs.

Qu’est-ce que le stress dû à la chaleur ?

La chaleur ressentie par un animal ne dépend pas seulement de la température ambiante, mais aussi de ce que l’on appelle la température effective. Cette dernière résulte de l’interaction de plusieurs facteurs, notamment la température ambiante, l’humidité relative, la ventilation et le rayonnement solaire. L’index de température et d’humidité (THI) est souvent utilisé chez les vaches laitières pour estimer la température effective et est dérivé, comme son nom l’indique, de la température ambiante et de l’humidité relative. Traditionnellement, on considère que lorsque l’índex THI est supérieur à 72, les vaches commencent à souffrir de stress dû à la chaleur. Il est même récemment suggéré que certaines vaches, surtout les fortes productrices, souffrent de la chaleur avec des index THI supérieur à 68. Quoi qu’il en soit, températures élevées et humidité sont vraiment un problème pour les vaches laitières.

Le stress dû à la chaleur va aussi dependre de la vache : sa race, son niveau de production, son stade de lactation, son état de santé, son état corporal, son taux d’hydratation et biensur de son alimentation . Par exemple, une vache à forte production (plus de 30 kg/jour) génère 48 % de chaleur en plus qu’une vache tarie, ce qui la rend bien plus sensible à la chaleur. Les vaches en début de lactation sont aussi particulièrement sensibles aux effets des températures élevées. Cela est dû à la fois à la production élevée de lait et à la consommation accrue d’aliments.

Comment réduire le stress thermique ?

L’effet du stress thermique sur la production laitière doit être atténué en combinant des stratégies qui ont un faible coût d’investissement et qui sont réalisables .

Les stratégies de lutte contre le stress dû à la chaleur consistent entre autre à fournir de l’ombre aux vaches, à réduire les déplacements, à modifier leur alimentation, à optimiser leur consommation d’eau et à utiliser des systèmes de ventilation adaptés aux batiments et installer des brumisateurs ou des douches.

Le processus de digestion semble augmenter de 20% de plus la production de chaleur. Par conséquent, l’un des effets immediats des fortes températures est une réduction de la consommation d’aliments. Les vaches mangent moins. Certaines stratégies centrées sur l’alimentation visent donc à (1) augmenter l’apport en matières grasses pour accroître la densité énergétique de la ration, (2) éviter une teneur excessive en protéines totales et en protéines dégradables, (3) augmenter la digestibilité des fibres, en particulier dans les rations à haute teneur en énergie, et (4) distribuer les aliments en début et en fin de journée.

Lorsque la température ambiante dépasse 25°C, la perte de chaleur par convection est nettement réduite et la dissipation de la chaleur dépend principalement de l’évaporation de l’eau par la peau et les muqueuses respiratoires. D’ou l’interêt d’une bonne ventilation des batiments et l’utilisation de brumisateurs

L’exemple pratique de l’élevage argentin Chiavassa

En 2014, le groupe Chiavassa en Argentine a mis en œuvre avec succès une stratégie visant à atténuer le stress dû à la chaleur : refroidir les vaches avec six douches quotidiennes.

La laiterie du groupe Chiavassa, située dans la province de Santa Fé en Argentine, trait environ 1000 vaches Holstein dans un logement indoor et une alimentation TMR, avec un lot de 300 vaches à haute production. info-12

La mesure choisie pour atténuer le stress dû à la chaleur consistait à raffraîchir les vaches dans l’aire d’attente avec une douche (par brumisation) six fois par jour pendant une période de 45 minutes à chaque fois. Trois des six séances de rafraîchissment ont lieu avant chacune des trois traites conventionnelles quotidiennes. Puis, les vaches sont amenées à l’aire d’attente trois fois de plus chaque jour dans le seul but de les raffraichir. Selon Flamenbaum et al. (1986), la seule façon d’assurer un effet positif sur les indices de production et de reproduction est de maintenir la température corporelle des vaches en dessous de 39°C et celà 24 heures sur 24h, par plusieurs raffraîchissments par jour. Il semble que, lors des journées très chaudes, il ne soit pas suffisant de raffraîchir les vaches uniquement avant la traite.

En appliquant cette stratégie et sous certaines précautions, l’élevage Chiavassa a réussi à maintenir la production laitière sans être affecté par les températures élevées, comme le montre le graphique.

Vaches de l’élevage du groupe Chiavassa

« Pour chaque unité de THI supérieure à 72 (et même > à 68 pour certaines vaches), la production de lait diminue de 0,2 kg par vache et par jour »

Résumé

Le stress dû à la chaleur est l’un des plus grands défis auxquels sont confrontés les éleveurs de vaches laitières. L’effet du stress dû à la chaleur sur la production de lait doit être atténué en combinant des stratégies à faible coût d’investissement et réalisables dans chaque élevage. Le groupe argentin Chiavassa nous a partagé les bénéfices de la brumisation des vaches à l’aire d’attente.

Références

  • Berman A, 1971. Thermoregulation in intensively lactating cows in near natural conditions. The Journal of Physiology, 215:477
  • Flamenbaum I, Wolfenson ID, Mamen M, Berman A, 1986. Cooling Dairy Cattle by a Combination of Sprinkling and Forced Ventilation and Its Implementation in the Shelter System. Journal of Dairy Science, 69:3140-3147
  • Ravagnolo O et I Misztal 2000. Genetic component of heat stress in dairy cattle, parameter estimation. Journal of Dairy Science, 83:2126-2130
  • West JW. 2003. Effects of Heat-Stress on Production in Dairy Cattle (Effets du stress thermique sur la production des bovins laitiers). Journal of Dairy Science, 86:2131-2144

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