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Le bien-être des vaches laitières autour du vêlage

Déborah Temple, Eva Mainau, Xavier Manteca

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Un vêlage normal ou eutocique présente un risque aussi bien pour le veau nouveau-né que pour la mère, et ce risque augmente en cas de vêlage difficile ou dystocique. Les pratiques de gestion du vêlage peuvent avoir des conséquences critiques pour la santé de la mère, conséquences qui peuvent s’étendre jusqu’à la lactation suivante. Chez le veau, la moitié de la mortalité avant le sevrage se concentre dans le premier jour de vie. . La période péripartum pose donc des problèmes de bien-être et de pertes économiques que l’on peut amoindrir en améliorant certaines pratiques de gestion du vêlage.

La mise bas est un procéssus douloureux

Il est généralement reconnu que la parturition provoque une douleur aiguë chez toutes les espèces, vaches incluses. Aux environs du vêlage, les protéines de phase aiguë (comme l’haptoglobine et la protéine amyloïde) augmentent considérablement, indiquant la présence d’inflammation, de lésion tissulaire et, conséquemment, de douleur. Les vêlages dystociques peuvent en plus causer des douleurs intenses non seulement chez la mère mais aussi chez le veau.

La mise bas génère aussi une réponse physiologique de stress pour deux raisons. En premier lieu, parce que la douleur s’accompagne toujours d’une réponse physiologique de stress et, en second lieu, parce que toute situation nouvelle ou peu fréquente peut provoquer une réponse de stress.

La douleur et le stress causés par le vêlage ne sont pas seulement importants pour leurs effets négatifs sur le bien-être, ils peuvent aussi avoir des conséquences sur la production car, inhibant la production d’oxytocine, ils peuvent diminuer les contractions et retarder l’éjection du colostrum.

VÊLAGES DYSTOCIQUES

La mise bas chez les vaches dure normalement de 30 minutes à 4 heures, de l’apparition de l’amnios dans la vulve à l’expulsion du veau. Les parturitions dystociques sont ceux qui se prolongent excessivement ou qui nécessitent une extraction assistée sévère du fœtus.

Les deux principales causes de dystocie chez les vaches sont la disproportion foeto-pelvienne (ce qui est plus commun chez les vaches primipares) et la mauvaise présentation fœtale (ce qui est plus commun chez les vaches multipares). Différents facteurs tels que l’alimentation de la mère ou la race du mâle ont une influence sur le risque de dystocie.

En général, le taux de dystocies est plus élevé chez les primipares que chez les multipares et on admet que les primipares ont des vêlages plus douloureux et stressants que les multipares. Cela n’est pas seulement dû au manque d’expérience des génisses, mais aussi au fait qu’elles ont généralement des mises bas plus longues que les multipares, avec une réponse inflammatoire plus prononcée et une récupération plus lente après la parturition.

Accouchement dystocique dû à une disproportion entre la taille du fœtus et le diamètre du bassin

« LA DYSTOCIE EST UNE PARTURITION DIFFICILE CONSÉQUENCE D’UNE MISE BAS NATURELLE PROLONGÉE OU D’UNE EXTRACTION ASSISTÉE PROLONGÉE OU SÉVÈRE ASSOCIÉE À DES NIVEAUX DE DOULEUR INACCEPTABLES »

CHANGEMENTS DE COMPORTEMENT AUTOUR DU VÊLAGE

Il est important de connaître les changements normaux de comportement pendant la mise bas pour pouvoir identifier les vêlages problématiques. Il faut considérer la possibilité d’une parturition dystocique si une des phases de la mise bas s’allonge excessivement, si des comportements apparaissent dans une phase qui ne leur correspond pas ou s’il se produit des changements dans la fréquence de comportements normaux. Dans ces cas-là, il est recommandé d’augmenter la supervision et/ou d’intervenir sur le cours du vêlage.

Phase I

Phase II

Description
De la dilatation du col de l’utérus à l’expulsion du liquide amniotique liquide amniotique De l’expulsion du liquide amniotique à l’expulsion du fœtus.
Durée approximative  4 heures 60 à 100 minutes
Comportements normaux
  • Diminution de la consommation d’aliments et rumination
  • Agitation
  • Changements fréquents de posture

La vache regarde ses propres flancs, donne des coups de pied, creuse le sol, lève et arque la queue

Vache en décubitus latéral ou en position couchée
Contractions Utérines

Abdominales (d’abord irrégulières ; à la fin, toutes les 15 minutes, chacune durant 20 secondes)

Abdominales (régulières toutes les 3 minutes et prolongées pendant 30 minutes chacune)
Caractéristiques typiques d’un vêlage normal chez la vache : phases I et II

La phase I commence de manière très graduelle de sorte qu’il est difficile de déterminer à quel moment elle commence exactement. Une réduction très drastique de l’ingestion est un indicateur de dystocie et de l’apparition, après la mise bas, de problèmes tels que rétentions placentaires, métrites ou cétoses. En plus, l’augmentation de la fréquence de certains comportements comme les changements de posture, les coups de pattes, racler le sol ou se gratter contre le mur sont aussi indicateurs de dystocie.

Pendant la phase II, la femelle interrompt souvent les contractions abdominales pour se reposer. Lors des vêlages dystociques, un pourcentage élevé de vaches se lèvent avant la fin de cette phase.

Pendant la phase III (de l’expulsion du fœtus à l’expulsion du placenta), le femelle commence à lécher le nouveau-né. Dans ce cas, le comportement du nouveau-né reflète le degré de difficulté de la mise bas, étant donné qu’après un vêlage difficile les veaux mettent plus de temps à se lever et commencent à téter plus tard que les veaux nés d’un vêlage normal.

PRATIQUES RECOMMANDÉES LORS DU VÊLAGE

  1. Il est conseillé de minimiser les situations de stress chronique telles que la concurrence pour la nourriture, pour l’eau ou pour un lieu où se coucher. Idéalement, les enclos de pré-parturition doivent avoir une zone de repos de 11m2/vache et une zone pour se nourrir permettant à toutes les vaches de manger en même temps (un minimum de 76 cm de mangeoire linéaire par vache). Au moins deux points d’eau par enclos sont en plus nécessaires.
  2. Dès le début de la phase I du vêlage, il est recommandé d’observer la vache une fois toutes les heures. Il ne faut intervenir que si l’une des phases de la mise bas tarde excessivement et/ou si l’on observe un comportement atypique ou ayant une fréquence anormale.
  3. Il convient de disposer d’enclos individuels de parturition tels que les vaches qui s’y trouvent puissent avoir un contact visuel avec les autres vaches. Cela permet une supervision efficace des vêlages et, en même temps, une bonne expression du comportement maternel de la vache qui vient de mettre bas. La superficie des enclos individuels devrait être au minimum de 12m2, avec une litière de paille ou du sable et de bonnes conditions d’hygiène.
  4. Si on utilise des enclos de vêlage collectifs, le nombre de vaches par enclos ne doit pas être supérieur à trente, et il convient d’avoir la possibilité de séparer la vache qui met bas à l’intérieur même de cet enclos.
  5. Il convient que la vache lèche et ingère le liquide amniotique du veau, non seulement parce qu’un tel comportement augmente la vigueur du veau, mais encore parce que cela contribue à réduire la douleur causée par le vêlage chez la mère. Cet effet est dû à l’existence, dans le liquide amniotique, de différentes molécules qui potentialisent l’action analgésique des opioïdes endogènes.

TRAITEMENT APRÈS LE VÊLAGE

En cas de césarienne ou de dystocie, il est recommandé d’utiliser des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), alpha-2-agonistes (comme la xylazine) et/ou une anesthésie locale (procaïne ou lidocaïne). En cas de vêlage eutociques, l’administration d’un AINS après le vêlage peut réduire la douleur et l’inflammation, améliorer la santé et le confort, et aider à maintenir et à améliorer la fertilité et la production de lait. L’information scientifique sur l’impact de l’analgésie après la mise bas chez les vaches est toutefois limitée et souvent contradictoire.

RÉSUMÉ

La mise bas est un processus douloureux et stressant, spécialement chez les vaches primipares et/ou en cas de vêlage dystocique. Il est conseillé de connaître les comportements typiques de chacune des phases de la mise bas pour pouvoir identifier les vêlages potentiellement problématiques. Durant la période périnatale, il est nécessaire d’éviter au maximum la concurrence entre vaches, et il faut voir en plus s’il convient d’utiliser des traitements palliatifs de la douleur.

RÉFÉRENCES

  • Cook NB and Nordlund KV 2004 Behavioral needs of the transition cow and considerations for special needs facility design Veterinary Clinics of North America: Food Animal Practice 20:495-520.
  • Mainau E and Manteca X 2011 Applied Animal Behaviour Science 135: 241-251.
  • Mee JF 2004 Managing the dairy cow at calving time Veterinary Clinics of North America: Food Animal Practice 20: 521-546.
  • Mee JF 2008 Prevalence and risk factors for dystocia in dairy cattle: a review Veterinary Journal 176:93-101.

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